Je suis celui qui s’assoie en arrière
Inonde les uns de désir
Les autres de terreur et pourtant
Si vaste est mon génie
L’on me croit bien des choses, hélas
Rien de cela n’est vrai
Si seulement le bad boy en moi
Si seulement le gentil
Si seulement le grand sage encore
Si seulement le dandy
Rien de cela n’est tout à fait faux
Juste un peu de chacun
Vit là derrière ces côtes
Dans ce grand coeur qui bat
Archives de catégorie : Prose poétique
Bad Boy
Rien
Rien, un voyage enlevant vers le néant et la perte de temps la plus exquise qui fut jamais écrite. Croyez-moi, cet exercice est le plus salvateur et le plus zen qui soit. Vous vous prenez à espérer que : voilà un truc qui comblera mon besoin maladif de divertissement intellectuel. Et là, à la lecture de ces mots, vous vous dites : enfin quelqu’un qui m’a compris ! La faim de ce vide puissant qui vous broie de l’intérieur avec la force du plus colossal trou noir que l’Univers ait porté sera apaisée un moment. Cette vacuité porte un nom tellement poétique : l’ennui.
Rien est la preuve absolue du pouvoir des mots et de leur valeur de sortilèges. Une telle richesse de vocabulaire pour ne rien dire!
Ceci est la plus grande perte de temps que vous aurez jamais lue.
Déjà, vous ne pouvez plus détacher votre regard de ces lignes, car vous tenez mordicus à savoir de quoi il retourne. Une sorte de masochisme profondément dissimulé en vous vous pousse à continuer à lire, et ce, même si vous savez très bien que c’est peine perdue, que rien ne vous attend au bout du chemin. Oh, vous essayez tant bien que mal de détourner les yeux en vous disant qu’on se fout de votre gueule, mais vous continuez d’espérer qu’au bout du compte il y aura bien une explication à tout ce verbiage. Que nenni! Vous perdez votre temps et vous le savez… mais quand même, vous vous tortillez un peu les fesses. Par à-coups, quelque chose secoue votre ventre. Un léger fou-rire commence à se faire sentir, car vous trouvez cette lecture ridicule. Et vous vous trouvez ridicule vous-même un peu, mais bon, vous y ressentez quand même un certain plaisir. Vos neurones d’intellectuel-le s’agitent, et ça, ça n’a pas de prix! L’auteur de ces lignes commence à vous taper sur les nerfs. Comment ose-t-il me tenir en otage avec mon amour des mots ? vous dites-vous avec un sourire mi-figue, mi-raisin. Et ça continue. Ou plutôt, vous continuez. Je concocte au fur et à mesure un discours qui vous tient en haleine. C’est un défi que vous vous êtes lancé sans même vous en rendre compte, et qui veut que vous réussissiez coûte que coûte à vous rendre jusqu’au bout du texte – qui n’est pas si long, vous encouragez-vous. Vous parviendrez à trouver un sens à ce Rien, comme on cherche à se rendre au bout de la vie en espérant y comprendre quelque chose.
Cette fois, vous vous demandez à quoi ça sert de vous accrocher comme ça. Vous réussissez tout de même à vous retenir d’aller voir la fin du texte, car vous craignez de gâcher la surprise et le moment tant attendu de l’illumination, quand tout se met en place et que l’intrigue prend tout son sens. Et bien, voilà : le texte est terminé. Vous pouvez continuer à trouver d’autres façon de remplir votre vide affamé. Quoique je suis persuadé que vous parviendrez à trouver, sinon à donner un sens à ces lignes. Je suis certain que vous intellectualisez déjà sur cette délicieuse perte de temps. Et vous avez envie soit de me frapper, soit de me remercier de vous avoir offert ce petit Rien qui vous fait rire aux éclats par la profondeur de son inanité.
Insomnie
Dans la nuit un ventilateur
Le seul son qui se meut
Ma présence amère
Rien d’autre ne me plaît
Que rester là
À ne rien faire
Il n’y a rien d’autre
À faire
Je suis seul
Honte d’être seul
Ça veut tout dire
La solitude, s’entend
Elle me révèle à moi-même
Ma solitude
Ma seule véritable possession
Mon amie toujours présente
Elle ne me juge pas
Il n’y a rien à juger
Juste un morceau de néant
Qui pense
Qu’il a raté sa vie
Yin et Yang
Yin et Yang
En moi une ombre vit
Je suis elle, elle est moi
Elle se love au creux de mon abysse intérieure
Longtemps je l’ai balayée l’ai bannie l’ai exilée
Horrifié de la savoir partie de qui je suis
J’ai pour lors et depuis ressenti son angoisse
Son aigreur
Le désespoir avec lequel elle me punissait
Et c’est tout mon être qui tressaillait
Qui exhalait Qui hurlait Que j’avais besoin de mon amour
Afin de nous sentir apaisés, ma ténèbre et moi
Je lui ai tendu la main l’ai accueillie
Offert la sécurité de mon cœur
C’est ainsi que, en paix, elle ne déchaîne plus mes saisons
Car avec elle, je suis complet
La sagesse d’un laideron
Radieuse malgré son extrême laideur
Surnommée « le Bouddhin », sages sont ses propos
Qui croise son chemin trouve aussi le repos
L’écoutant raconter des fables de bonheur
Par son rire affichée, sa pauvre dentition
Du bon père au gredin, leur âme fait souffrir
Une aumône à ses pieds chacun va lui offrir
Des largesses du cœur fait la compétition
Pourtant elle apprécie la simple volonté
D’un baiser sur sa joue d’exprimer sa bonté
Il s’en trouve parfois qui montrent du dégoût
Pour les récompenser de leurs rires affreux
Elle rendra immortel leur venimeux bagout
Narrant de judicieux contes inspirés d’eux
Pensées de beuverie
De quelle étoffe sont faits ceux qui rêvent de la grandeur des cieux se bousculant dans leur tête ? Ils sont nus et tendres comme le souffle du vent. Leur peau est celle de la brise marine, salée, cuite par le soleil radieux de leurs désirs insaisissables. Ce derme qui les voue à la damnation avec félicité. Ils se plaisent à imaginer les plus folles épopées de la chair. Ils forment des tribus particulières et singulières. Tous semblables dans leur illusion de différence. Tous veulent être admirés. Je me vois immobile, statufié comme le marbre, les âges défilent autour de moi, sans prise sur mon état. J’attends de sentir l’époque qui me sortira de mon sommeil observateur, de ma langueur pour le mystère qui suscitera mon intérêt.
Qui est cet être étrange qui sommeille en moi ? De qui ai-je l’espoir du réveil ?
Le silence des mots
Lourd pèse le silence des mots retenus
Aussi éthérée que la chasse de l’effraie flotte la parole affranchie
Au cœur des clochers oubliés, chuintements et soupirs étranglent l’assurance des braves
Que vole la dame blanche pour débusquer le verbe
Mulot musaraigne souris campagnol incarnent les serments ignorés
Jetés au cachot de nos désirs enfouis
Passions non déclarées
Béguins étouffés
Le retour
L’envie de lui qui est au loin
Celui qui est parti
Vivre ce que j’ai vécu
Désir de celui-là
Reflet de mon esprit
Celui que j’ai été
Qui me ressemble
Qui me rassemble
Mes morceaux éparpillés
En moi-même
Ma vie dissolue
Un regain de ferveur
Une âme besogneuse
Du bien-être de l’Homme
Il m’a étonné
Surpris déculotté
On a baisé
Avec amour
Il m’a réanimé réactivé
Et les fantômes frappent à la porte
Veulent se confier
Me dire comme leur manque
La douceur d’un baiser
Beaudelaire et ses morts
Les morts s’enrobent de putrescence
Beaudelaire se vautre dans la tourbe
Et les ronces, et les chardons, et tubercules fétides
Vous attrapent par les chevilles
Vous tirent vers le lit où vous dormirez
Plus tôt que tard
Cette musique est celles de la vermine
Qui couine comme un fromage mouillé
On dirait un concert de mégères à peine chastes
Qui oraisonnent et feulent sur les pauvres rejetés
Les pauvres cœurs déchirés
Jetés en pâture sur les draps chiffonnés
Corps et esprit
Toutes ces questions tous ces désirs
La même chose peut-être
Ce sont les réponses
Celles qui nous enflamment
Notre corps et notre esprit
Les jeux presque innocents
Dans notre lit ou celui des autres
Dans notre tête ou celle des élus
Qui nous choisissent
Comme on le fait
Avec désinvolture appliquée
Nous cherchons des réponses
Pour aiguiser nos sens
Savoir de l’esprit humain
Le corps et l’esprit sont les mêmes
Les jouissances sont des réponses